L'accès à l'éducation dans les zones rurales : défis et réalités des enfants béninois
Malgré les facilités qu’offre l’État béninois pour une éducation inclusive, de nombreux enfants issus des zones rurales restent exclus du système scolaire. L’absence d’infrastructures adéquates, le déficit d’enseignants qualifiés, la précarité économique et les traditions locales freinent encore l’accès à l’instruction.
Une immersion dans un quotidien difficile, souvent ignoré des regards. De grandes disparités s’observent entre les zones urbaines et rurales et deviennent inquiétantes, en raison des nombreuses sensibilisations.
Alors que l’indice de fréquentation scolaire est relativement élevé dans les grandes villes comme Cotonou, Porto-Novo ou Parakou, il chute drastiquement dans les départements ruraux tels que l’Atacora, le Borgou ou encore les Collines. Dans certaines localités, les enfants doivent parcourir entre 5 et 10 kilomètres à pied pour rejoindre la salle de classe la plus proche, parfois sans chaussures ni petit-déjeuner.
Cette simple difficulté logistique en dissuade plus d’un, surtout chez les plus jeunes. « Mon fils a abandonné l’école après le CE2. Il devait marcher plus d’une heure chaque jour. Il était trop fatigué », confie Afi, une mère de quatre enfants vivant à Agassa-Godomey et originaire de Kérou au nord du Bénin.
Les écoles rurales, quand elles existent, manquent d’équipements. La précarité des bâtiments scolaires décourage autant les élèves que les enseignants. Dans certains villages, l’eau potable, les latrines et l’électricité y sont quasi inexistantes, ce qui nuit fortement à la qualité de l’environnement scolaire.
À cela s’ajoute un déficit d’enseignants malgré l’effort du Gouvernement. Nombre de classes sont surchargées, avec parfois un seul instituteur pour gérer plus de 80 élèves, tous niveaux confondus. « Il n’est pas rare que des écoles rurales restent sans enseignant pendant des mois, surtout en début d’année scolaire », indique un enseignant sous anonymat.
Dans les zones rurales, la majorité des familles vivent en dessous du seuil de pauvreté. Pour beaucoup de parents, scolariser leurs enfants est perçu comme un luxe, surtout si cela implique des frais annexes, uniforme, fournitures, quand bien même l’école est gratuite, ces coûts indirects restent dissuasifs.
Certains enfants sont contraints d’abandonner l’école pour aider leurs parents aux champs, vendre des produits sur les marchés ou accomplir des tâches domestiques. D’autres, notamment les filles, quittent le système éducatif suite à des grossesses précoces ou sont mariées très jeunes. « À 13 ans, j’ai arrêté l’école pour m’occuper de mes petits frères pendant que mes parents partaient aux champs », témoigne Rosine, aujourd’hui aide-ménagère.
Face à ce tableau préoccupant, des initiatives locales émergent pour améliorer la situation. Certaines communautés ont mis en place des comités de veille pour inciter les parents à scolariser leurs enfants, tandis que des ONG interviennent dans plusieurs départements pour la construction d’écoles, la formation d’enseignants et la sensibilisation aux droits de l’enfant.
À cela s’ajoute aussi, le programme national de cantines scolaires, soutenu par l’État béninois et ses partenaires techniques, qui a également permis de maintenir de nombreux élèves à l’école. Les repas gratuits distribués dans les écoles primaires rurales constituent souvent la nourriture solide de la journée pour ces enfants.
Le gouvernement béninois, conscient des enjeux, a lancé plusieurs réformes dans le secteur éducatif, dont le recrutement massif d’enseignants, les Aspirants au Métier d’Enseignant (AME) et la modernisation de certaines infrastructures scolaires. Toutefois, ces mesures peinent à couvrir l’ensemble du territoire rural, où les besoins restent immenses.
Pour les spécialistes de l’éducation, l’équité territoriale doit être au cœur des politiques éducatives. Il ne suffit pas d’augmenter les taux de scolarisation au niveau national, il faut agir de manière ciblée dans les zones les plus reculées, en tenant compte des réalités socioculturelles propres à chaque région.
Ainsi, l’accès à l’éducation dans les zones rurales du Bénin demeure un défi structurel et humain. Mais les efforts conjugués de l’État, des acteurs locaux et des partenaires internationaux laissent entrevoir une évolution positive. L’école reste, pour les enfants des campagnes, une bouée d’espoir vers une vie meilleure. Encore faut-il que les moyens suivent pour transformer cet espoir en réalité durable.
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