Droits des enfants au Bénin : Convention internationale au Bénin ?
Adoptée le 20 novembre 1989 par l’Organisation des Nations Unies, la Convention relative aux droits de l’enfant (CIDE) figure parmi les instruments juridiques internationaux les plus universellement ratifiés. Le Bénin a adhéré à ce texte, s’engageant ainsi à garantir à chaque enfant le droit fondamental à la vie, à l’éducation, à la protection et à la participation.
Toutefois, plus de trente ans après cette ratification, la situation des enfants béninois révèle un profond écart entre les engagements pris et la réalité quotidienne. Mariages précoces, travail infantile, violences diverses, ainsi qu’un accès inégal à l’école et aux soins de santé témoignent des nombreuses failles persistantes dans la mise en œuvre concrète de la CIDE au Bénin.
Sur le plan légal, le Bénin a accompli d’importants progrès. Outre la ratification de la Convention relative aux droits de l’enfant (CIDE), le pays a intégré ses principes dans plusieurs textes nationaux, notamment le Code de l’enfant adopté en 2015. Ce texte regroupe en un document unique toutes les dispositions relatives aux droits et à la protection de l’enfant, de sa naissance jusqu’à sa majorité.
D’autres instruments, comme la loi sur l’interdiction de la traite des enfants, celle sur l’interdiction des mutilations génitales féminines ou encore les dispositions pénales contre les violences sexuelles sur mineurs, sont venus renforcer le dispositif. Le gouvernement a également mis en place des structures telles que les guichets uniques de protection sociale et d’autres pour la protection des droits des enfants.
Malgré ces avancées légales et structurelles, la situation réelle des enfants au Bénin reste préoccupante. Dans les marchés, les ateliers, les carrières ou les champs, il n’est pas rare de voir des enfants travailler dans des conditions pénibles, parfois dangereuses.
Le travail des enfants, bien qu’interdit, persiste en raison de la pauvreté, de l’ignorance et du manque de contrôle efficace. À Cotonou, Arnaud, 13 ans, travaille depuis l’âge de 10 ans comme apprenti soudeur dans un atelier de fortune. « Je voulais aller à l’école, mais mes parents n’avaient pas les moyens. Maintenant, je gagne un peu d’argent pour aider ma famille », confie-t-il en langue nationale fongbé.
Le mariage des enfants est un autre fléau. Dans certaines régions du Bénin, les unions précoces sont encore tolérées au nom de la tradition ou de la pauvreté. Bien que la loi fixe l’âge minimum du mariage à 18 ans, cette règle est souvent contournée. Fatoumata, résidente à Pahou et mariée à 15 ans, raconte comment impuissante, son mari a fait marier son unique fille à un vieux du village.
« Mon mari m’a dit que c’était mieux ainsi. Elle devra arrêter l’école et s’occuper de son nouveau foyer. Elle voulait devenir infirmière ». Ces mariages mettent en péril la santé, la sécurité et l’avenir des filles. Ils favorisent les grossesses précoces, les abandons scolaires et la dépendance économique.
Face à ces réalités, plusieurs organisations de la société civile et partenaires internationaux œuvrent au quotidien pour promouvoir et protéger les droits de l’enfant. Des ONG comme Plan International et Terre des Hommes mènent des campagnes de sensibilisation, forment les acteurs communautaires, appuient les familles vulnérables et prennent en charge des enfants victimes. Le ministère des Affaires sociales et de la Microfinance collabore également avec l’UNICEF pour renforcer le système national de protection de l’enfance, améliorer la justice pour mineurs, et promouvoir la participation des enfants à la vie publique.
Plusieurs obstacles freinent l’application effective de la Convention comme le manque de ressources humaines et financières avec de nombreux services sociaux qui sont sous-dotés et peinent à couvrir l’ensemble du territoire. On note aussi l’insuffisance de la sensibilisation, car certaines communautés ignorent encore les droits des enfants ou les considèrent comme contraires à leurs traditions.
À cela s’ajoute aussi la faible coordination entre les structures, notamment, les services de protection, de justice, d’éducation ou de santé ne collaborent pas toujours efficacement. Et surtout, la pauvreté généralisée car elle pousse de nombreuses familles à sacrifier les droits de leurs enfants pour leur survie immédiate.
Malgré tout, des signaux positifs émergent. La société béninoise prend peu à peu conscience de la nécessité de garantir une enfance digne et protégée. De plus en plus d’enfants s’expriment dans les parlements d’enfants ou les radios communautaires. Le gouvernement a récemment renforcé des allocations budgétaires au profit de la protection sociale de l’enfant et l’adoption d’un nouveau plan d’action pour éradiquer les mariages précoces.
Le Bénin a posé les bases d’une véritable politique de protection des droits de l’enfant. Mais entre la loi et le terrain, un écart persiste. Pour combler ce fossé, il faudra plus que des textes. Il faudra des actes, une volonté politique ferme, un changement culturel profond et une mobilisation de tous. Car garantir les droits des enfants, c’est investir dans l’avenir du Bénin tout entier.
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