Santé menstruelle : briser les tabous pour mieux accompagner les jeunes filles

La santé menstruelle chez la jeune fille est un sujet crucial pour son bien-être physique, psychologique et social. Les premières règles, appelées ménarches, sont un événement marquant dans la vie d’une adolescente. Cependant, cet aspect naturel de la croissance est souvent mal compris, négligé ou entouré de tabous dans de nombreuses cultures. 

Il est donc essentiel d’offrir aux jeunes filles une éducation complète et des conseils pratiques pour naviguer sereinement à travers cette période de leur vie. Le cycle menstruel chez une jeune fille commence dès l’apparition des premières règles, et se caractérise par des changements hormonaux réguliers. En moyenne, un cycle dure entre 21 et 35 jours. 

Ce cycle est divisé en plusieurs phases. La phase folliculaire, c’est-à-dire, avant l’ovulation où l’ovaire commence à produire des ovules. Le corps produit également de l’œstrogène, une hormone qui prépare l’utérus à une possible grossesse. Ensuite, la phase de l’ovulation environ à la moitié du cycle où l’ovule est libéré de l’ovaire et se dirige vers l’utérus. 

La phase lutéale après l’ovulation où l’utérus se prépare à recevoir un embryon en cas de fécondation. Si l’ovule n’est pas fécondé, les niveaux hormonaux chutent et le cycle recommence. Et enfin, les menstruations ou saignement. À cette étape, si la grossesse n’a pas eu lieu, la muqueuse utérine se dégrade et est évacuée sous forme de sang, ce qui marque le début des règles.

Les symptômes menstruels courants…

Les jeunes filles peuvent ressentir des symptômes variés pendant leur cycle menstruel. Parmi les plus courants, on trouve les douleurs abdominales encore appelée dysménorrhée. Ce sont les douleurs les plus fréquentes durant les menstruations. Elles peuvent être légères à sévères et affecter la qualité de vie des adolescentes. 

Les spécialistes recommandent l’utilisation de médicaments anti-inflammatoires tels que l’ibuprofène, mais également des techniques de relaxation comme la méditation ou l’exercice léger pour soulager les douleurs. L’application de chaleur sur le bas-ventre peut aussi être efficace. Aussi, les changements d’humeur. Beaucoup de jeunes filles ressentent des sautes d’humeur ou de l’irritabilité avant et pendant leurs règles. 

Les spécialistes en psychologie suggèrent que la gestion du stress par des activités physiques régulières ou des exercices de respiration peut aider à réguler ces symptômes émotionnels. On note également la fatigue et les maux de tête. Ces symptômes peuvent être dus aux fluctuations hormonales. Les spécialistes conseillent de maintenir une alimentation équilibrée, bien s’hydrater et prendre des pauses suffisantes pour se reposer.

Une bonne gestion de l’hygiène menstruelle…

L’hygiène menstruelle est essentielle pour éviter les infections et maintenir le confort durant cette période. À cet effet, Arlette TOSSA, spécialiste de l’hygiène menstruelle, recommande fortement de changer régulièrement de protection hygiénique. Qu’il s’agisse de serviettes, de tampons ou de coupe menstruelle, il est recommandé de les changer toutes les 4 à 6 heures pour éviter la prolifération de bactéries et d’éventuelles irritations. 

Elle insiste sur le choix des produits adaptés et recommande d’opter pour des produits non parfumés et hypoallergéniques afin d’éviter les risques d’allergies ou d’infections. À l’en croire, il urge de laver la zone génitale correctement avec de l’eau tiède et un savon doux, sans oublier de bien sécher la zone intime pour éviter l’humidité, propice à la prolifération des bactéries. 

Elle suggère aussi des sous-vêtements en coton qui permettent à la peau de respirer, contrairement aux tissus synthétiques qui peuvent provoquer des irritations ou des infections.

Briser les tabous…

Il est crucial que les jeunes filles soient correctement éduquées sur les menstruations dès leur première expérience avec leurs règles, fait savoir Marie-Cécile ATIKPA, sage-femme en service dans un établissement hospitalier dans le département de l’Atlantique. Cette éducation doit aborder plusieurs aspects comme le processus biologique des menstruations qui consiste à expliquer les mécanismes du cycle menstruel et des règles pouvant aider les jeunes filles à comprendre ce qui leur arrive et pourquoi cela se produit ; l’importance de l’hygiène menstruelle grâce à une éducation adéquate qui les aidera à choisir les produits qui leur conviennent le mieux et à maintenir une bonne hygiène ; les signaux d’alerte et la consultation médicale et briser la stigmatisation et la honte. Une éducation ouverte et positive peut réduire la stigmatisation associée aux règles et favoriser un dialogue plus sain autour de la santé menstruelle.

Problèmes de santé menstruelle…

Certaines jeunes filles peuvent rencontrer des problèmes liés à leurs menstruations, nécessitant l’avis d’un spécialiste. Parmi les problèmes courants, on peut citer la dysménorrhée sévère. Dans ce cas, si les douleurs menstruelles deviennent insupportables, il est conseillé de consulter un médecin généraliste ou un gynécologue, qui pourra prescrire des traitements adaptés.

Ensuite, les règles irrégulières. Si les cycles menstruels sont très irréguliers ou s’il y a des retards prolongés, une évaluation médicale peut être nécessaire pour exclure des troubles hormonaux ou d’autres conditions sous-jacentes, conseille vivement la spécialiste.

Quant aux saignements excessifs, si une jeune fille perd une quantité importante de sang pendant ses règles, il est recommandé de consulter un gynécologue pour évaluer les causes possibles et éviter les complications.

Impact psychosocial des menstruations…

Les menstruations peuvent avoir un impact psychosocial important sur les jeunes filles, surtout dans des environnements où elles sont mal comprises. Marie-Cécile ATIKPA, sage-femme recommande d’encourager le soutien familial et scolaire. Les jeunes filles doivent se sentir soutenues et non jugées pendant leurs règles. 

Le soutien des parents, des enseignants et des amis peut grandement diminuer l’impact psychologique des menstruations, a-t-elle précisé. Elle met aussi l’accent sur la gestion de la pression sociale et la stigmatisation et suggère des programmes de sensibilisation pour briser ces tabous, que ce soit à l’école ou dans la communauté.

La santé menstruelle chez la jeune fille est un domaine qui nécessite une attention particulière, tant du point de vue biologique que psychosocial. Une bonne éducation, une gestion adéquate de l’hygiène menstruelle, ainsi que l’accès à des soins médicaux appropriés sont essentiels pour que les jeunes filles vivent sereinement leur cycle menstruel. 

En brisant les tabous et en offrant des conseils pratiques, on peut non seulement améliorer leur qualité de vie mais aussi leur permettre d’avoir un avenir plus équilibré et sans stigmatisation.