L'enfant et le handicap au Bénin : réalités, défis et perspectives

Au Bénin, des milliers d’enfants vivent avec un handicap et sont confrontés à des défis sociaux, économiques et culturels. Ces enfants, malgré leur potentiel et leurs talents, sont encore trop souvent victimes de stigmatisation, d’exclusion et d’un accès limité aux services essentiels comme l’éducation et la santé. Alors que le handicap reste un sujet sensible dans de nombreuses localités, le Bénin s’efforce de mettre en place des initiatives pour garantir une meilleure inclusion et protection des enfants concernés.

Selon les données de l’UNICEF (2023), environ 15 % des enfants béninois vivent avec un handicap, qu’il soit physique, sensoriel, mental ou cognitif. Parmi eux, plus de 70 % n’ont pas accès à une éducation adaptée. De plus, approximativement 40 % vivent en situation de grande précarité. Les handicaps les plus fréquents au Bénin incluent, en effet, les déficiences visuelles et auditives, les troubles moteurs, souvent liés à des maladies comme la poliomyélite, les troubles cognitifs ou mentaux, parfois causés par des complications prénatales ou périnatales.

Le cadre légal : un soutien encore fragile

Le Bénin a signé et ratifié plusieurs instruments internationaux, dont la Convention relative aux droits des personnes handicapées des Nations Unies en 2008. Au niveau national, la loi 2017-06 du 29 septembre 2017 sur la protection et la promotion des droits des personnes handicapées est une avancée majeure. 

Cette loi garantit le droit à l’éducation pour tous, avec des dispositions spécifiques pour les enfants handicapés, un accès prioritaire et gratuit aux soins de santé, l’interdiction de toute forme de discrimination. Malgré ces progrès, l’application reste problématique, faute de ressources suffisantes et de sensibilisation.

Paroles d’espoir …

Marie, mère de Chantal, une fillette de 10 ans atteinte de paralysie cérébrale, indique que sa fille est très intelligente, mais elle a dû quitter l’école parce que les enseignants ne savaient pas comment s’occuper d’elle. Elle a dû apprendre elle-même à lui donner des cours à la maison. 

De même, Jacques, responsable d’une ONG à Cotonou, explique que son organisation a lancé un programme pour former les enseignants à l’éducation inclusive. « Il reste encore beaucoup à faire, mais les résultats sont encourageants. Les enfants handicapés méritent une place égale dans nos écoles », a-t-il fait savoir.

Les défis au quotidien : des obstacles multiples

Entre autres défis, la stigmatisation et les croyances culturelles. Dans certaines régions, le handicap est encore perçu comme une malédiction ou un châtiment divin, ce qui pousse certaines familles à cacher leurs enfants. 

Les enfants en situation de handicap ont un accès limité aux infrastructures adaptées, car les écoles, centres de santé et lieux publics manquent souvent de rampes d’accès, de toilettes adaptées et d’autres infrastructures essentielles. 

L’autre réalité est le manque de spécialistes. Le Bénin souffre d’un déficit criant de professionnels spécialisés, comme les orthophonistes, ergothérapeutes ou éducateurs spécialisés.

Les recommandations des spécialistes

Selon la spécialiste en soins pour enfants handicapés, Marcelle GANSOU, « il est crucial de renforcer la détection précoce des handicaps et de former davantage de professionnels de santé. Une prise en charge rapide peut changer le cours de la vie d’un enfant ». 

Par ailleurs, le sociologue Parfait DEGAN affirme que « la sensibilisation communautaire est la clé. Tant que les mentalités ne changent pas, les politiques resteront inefficaces ». L’enfant handicapé au Bénin ne doit plus être perçu comme un fardeau, mais comme un membre à part entière de la société. 

Bien que les défis soient encore nombreux, les initiatives en cours offrent des raisons d’espérer. Investir dans l’éducation inclusive, sensibiliser les communautés et renforcer le cadre légal sont autant de leviers pour garantir à chaque enfant un avenir digne et prometteur. Avec une mobilisation collective, le Bénin peut devenir un modèle en Afrique pour l’inclusion des enfants handicapés.