La déclaration des enfants abandonnés au Bénin : un enjeu essentiel pour la protection de leurs droits
Le phénomène des enfants abandonnés au Bénin constitue un problème social de plus en plus préoccupant. L’abandon des enfants, qu’il soit dû à la pauvreté, à des difficultés familiales ou à des pratiques socioculturelles, met en lumière les défaillances dans le système de protection de l’enfance et les besoins urgents en matière de prise en charge.
Face à cette situation, la déclaration officielle des enfants abandonnés est un dispositif crucial permettant de leur offrir une protection juridique et sociale. Cet article explore en profondeur les mécanismes, les causes et les défis liés à la déclaration des enfants abandonnés au Bénin.
Au Bénin, le cadre juridique relatif à la protection des enfants abandonnés est principalement régi par le Code de l’Enfant, promulgué en 2015, ainsi que par des textes internationaux auxquels le pays a adhéré, notamment la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE). Ces instruments visent à garantir que tout enfant, quelle que soit sa situation familiale, puisse bénéficier d’une protection, d’une identité légale et des droits fondamentaux.
Selon la loi, un enfant est considéré comme abandonné lorsqu’il est privé de la protection de ses parents ou de ses tuteurs, qu’il se retrouve sans personne pour subvenir à ses besoins ou qu’il est délaissé de manière volontaire ou non par ses responsables légaux. Dans ce cas, la déclaration de cet abandon devient capitale pour permettre à l’État de prendre en charge l’enfant et de veiller à sa protection.
Selon l’assistance sociale Fernande ADEKOU, la déclaration des enfants abandonnés au Bénin suit une procédure stricte définie par le Code de l’Enfant. « Cette procédure vise non seulement à protéger l’enfant, mais aussi à lui garantir une identité légale », a-t-elle indiqué.
En effet, les principales étapes de cette déclaration se déclinent comme suit : le signalement de l’abandon, l’enquête sociale, la déclaration légale et la prise en charge de l’enfant. Après la déclaration, l’enfant est confié à des structures de prise en charge adaptées, telles que des foyers pour enfants ou des familles d’accueil. Le ministère des Affaires Sociales et de la Microfinance joue un rôle central dans cette prise en charge, veillant à ce que l’enfant bénéficie de soins, d’éducation et de soutien psychologique.
Plusieurs raisons peuvent expliquer l’abandon d’enfants au Bénin, et elles sont souvent liées à des problèmes socio-économiques et culturels. Parmi les principales causes, la pauvreté, les grossesses non désirées, les pratiques traditionnelles et superstitions, les crises familiales.
Sans un cadre familial solide, ces enfants se retrouvent livrés à eux-mêmes, parfois contraints de vivre dans la rue. Tous ces enfants abandonnés sont avant tout des enfants non désirés. Pour l’ancienne Ministre de la famille, Ayaba Claire Houngan épouse Ayemona, Présidente de la Fondation Regard d’Amour, « un enfant non désiré est un enfant né d’une grossesse non désiré ou d’une grossesse précoce.
Parce que la maman n’a pas encore les moyens de faire face à la prise en charge d’un enfant. Le papa aussi, parce qu’il n’est pas mature ou parce qu’il n’a pas les moyens. D’abord, il ne répond pas à ses responsabilités. Il refuse la grossesse. Il abandonne la grossesse à la fille qui, finalement, ne trouve pas une solution que d’abandonner l’enfant, surtout si la fille elle-même n’a pas, dans son entourage, des personnes pour l’écouter, la comprendre, l’aider, et l’accompagner.
De fait, la question d’abandon des enfants est tout un ensemble. Il y a la question de la sexualité mal gérée et la pauvreté. Quand on dit pauvreté, elle n’est pas que monétaire. C’est le manque de quelque chose. Quand c’est un manque d’argent, on parle de pauvreté monétaire. Mais si c’est un manque de connaissance, on parle de la pauvreté non monétaire ». Il y a tous ces facteurs qui conduisent malheureusement à l’abandon des enfants, fait-t-elle savoir.
Malgré l’existence d’un cadre juridique et de procédures claires, la déclaration des enfants abandonnés au Bénin reste confrontée à plusieurs défis majeurs. D’abord, la sous-déclaration. De nombreux enfants abandonnés ne sont pas déclarés, soit parce qu’ils ne sont pas trouvés à temps, soit parce que la procédure de signalement n’est pas correctement suivie.
Il est également fréquent que des enfants soient pris en charge de manière informelle par des proches ou des voisins, sans que les autorités en soient informées. Ensuite, le manque de moyens. Généralement, les structures de protection de l’enfance au Bénin souffrent souvent de ressources financières et humaines limitées.
Le manque de moyens pour mener des enquêtes sociales approfondies pour accueillir les enfants dans des conditions décentes ou pour assurer leur suivi psychosocial pose un réel problème pour la gestion des enfants abandonnés. L’autre défi est celui lié au problème d’identification. Il est parfois difficile d’identifier les enfants abandonnés, notamment lorsqu’ils sont trouvés sans aucun document d’identité.
L’absence de système d’enregistrement systématique des naissances dans certaines zones rurales complique encore davantage cette tâche. Et enfin, la réinsertion familiale est un défi de taille. Les procédures d’adoption sont longues et complexes, et les familles d’accueil ne sont pas toujours disponibles ou formées pour répondre aux besoins spécifiques de ces enfants.
Pour faire face à ces nombreux défis, plusieurs initiatives ont été mises en place au Bénin. Le gouvernement béninois, à travers le ministère des Affaires sociales et de la Microfinance, mène des actions de sensibilisation pour encourager la déclaration des enfants abandonnés et renforcer les mécanismes de protection. Des partenariats avec des ONG locales et internationales permettent également de soutenir des projets en faveur des enfants abandonnés, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la réinsertion sociale.
En outre, des campagnes de sensibilisation sont menées dans les zones rurales sous la coupole des guichets uniques de protection sociale pour combattre les pratiques culturelles néfastes et encourager les familles à ne pas abandonner leurs enfants. Des programmes de soutien aux familles vulnérables, incluant des aides financières et des formations professionnelles, visent également à prévenir l’abandon d’enfants en améliorant les conditions de vie des foyers les plus démunis.
Afin de mieux protéger et prendre en charge les enfants abandonnés, plusieurs réformes pourraient être envisagées à savoir le renforcement des services sociaux, l’établissement d’un registre national des enfants abandonnés, la sensibilisation et le changement des mentalités, la collaboration avec les ONG, mais aussi l’accès aux soins de santé reproductive.
Il est important de renforcer les services sociaux pour assurer un soutien adéquat aux familles en difficulté. Cela inclut la création de programmes de sensibilisation sur l’éducation à la parentalité, le soutien aux mères célibataires et des aides financières temporaires pour les familles en difficulté.
Par ailleurs, l’amélioration de l’accès aux soins de santé, y compris des services de planification familiale et d’éducation sexuelle, est essentiel. Cela aiderait à prévenir des grossesses non désirées et, par conséquent, à réduire le nombre d’abandons.
Aborder l’abandon d’enfants au Bénin nécessite une approche globale, prenant en compte les causes socioculturelles tout en mettant en œuvre des solutions pratiques et durables. La déclaration des enfants abandonnés au Bénin est un enjeu crucial pour la protection des droits de l’enfant.
Si des progrès ont été réalisés en termes de cadre juridique et de prise en charge, beaucoup reste à faire pour améliorer la situation. La sensibilisation du public, le renforcement des mécanismes de déclaration et la mobilisation de ressources adéquates sont indispensables pour offrir à ces enfants une chance de grandir dans un environnement sûr et protecteur.
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