Les enfants en situation carcérale au Bénin : causes et conséquences

L’incarcération des enfants constitue un enjeu majeur en matière de droits humains au Bénin. Ce phénomène soulève des préoccupations tant sur les causes de cette situation que sur les conséquences pour les jeunes concernés.

Causes de l’incarcération des enfants….

 

Les enfants se retrouvent en situation carcérale pour diverses raisons, principalement liées à des facteurs socio-économiques et environnementaux. Parmi ces causes, on trouve : le manque de ressources financières pousse certains enfants à commettre des délits mineurs pour survivre ou aider leur famille, l’absence de soutien familial, car les enfants issus de familles dysfonctionnelles, dans lesquelles la violence ou la négligence est présente, sont davantage exposés à des comportements criminels, l’influence des pairs due à la pression qui peut inciter certains enfants à participer à des activités illégales, les conflits avec la loi qui résultent des accusations de délits comme le vol, la consommation de drogues ou des actes de violence peuvent mener à leur incarcération.

Profils typiques et conséquences de l’incarcération des enfants….

 

La majorité des enfants incarcérés sont âgés de 12 à 17 ans. Ils proviennent souvent de milieux défavorisés, avec un accès limité aux ressources. Beaucoup n’ont pas achevé leur éducation primaire et certains n’ont jamais été scolarisés. De nombreux enfants font face à des antécédents familiaux de violence, d’alcoolisme ou de consommation de drogues.

L’incarcération a des conséquences profondes sur les enfants, tant à court qu’à long terme. Des conséquences psychologiques, car ces enfants peuvent développer des troubles mentaux, tels que l’anxiété, la dépression et des problèmes de comportement, à cause du stress et de la stigmatisation associés à leur incarcération. Au plan social, ils font souvent face à l’isolement, à la stigmatisation et à des difficultés à établir des relations sociales, ce qui peut entraver leur réintégration dans la société.

Des perspectives d’avenir….

 

L’incarcération affecte gravement les perspectives d’avenir des enfants sur le plan de l’éducation et de la réinsertion sociale. En effet, l’accès limité à l’éducation en prison réduit leurs chances d’obtenir un diplôme, ce qui a un impact sur leurs opportunités d’emploi futures.

L’absence de programmes de réhabilitation renforce le risque de récidive, et les enfants ont souvent du mal à retrouver leur place dans la société après leur sortie. Les enfants incarcérés portent une étiquette sociale qui peut les suivre toute leur vie, augmentant les chances de marginalisation.

Conditions de détention et gestion de la violence

 

Les enfants incarcérés au Bénin sont souvent détenus dans des conditions précaires qui ne respectent pas les normes nationales et internationales en matière de droits de l’enfant. Les prisons sont souvent surpeuplées, mal équipées, et manquent d’accès à des soins de santé adéquats.

Cependant, les principales violations des droits des enfants en situation carcérale comprennent les conditions de vie insalubres, des violences physiques et psychologiques. Les enfants n’ont que peu de recours pour dénoncer ces abus, et les mécanismes de protection sont souvent inefficaces.

Initiatives de réinsertion et de prévention…

 

Il existe certaines initiatives visant à soutenir la réinsertion des enfants après leur sortie de prison, mais celles-ci restent insuffisantes. Des ONG et des organismes essaient de mettre en place des programmes d’éducation et d’emploi, mais le manque de financement et de ressources réduit leur efficacité, confirme Dominique SOUNOU, de l’Organisation DAPI Bénin, qui s’occupe de la prise en charge et l’accompagnement des détenus en instance de libération.

De même, les stratégies de prévention incluent des programmes de sensibilisation dans les écoles pour prévenir la délinquance juvénile. Toutefois, ces stratégies doivent être améliorées en intégrant des approches holistiques qui prennent en compte les facteurs socio-économiques.

Le système judiciaire doit faire face à un taux élevé de récidives. Le manque de programmes de réhabilitation adaptés empêche une réintégration réussie des jeunes dans la société. Des solutions innovantes et des formations pour les professionnels du droit sont nécessaires pour traiter cette question.

 

Études et témoignages….

Selon l’étude sur la situation des enfants et des femmes en milieu carcéral au Bénin, conduite par le Cabinet LGS grâce au programme de protection des couches vulnérables et publié en 2017, « Près de 95 % des mineurs incarcérés sont des garçons, tandis que les rares filles mineures sont placées avec des adultes dans les quartiers féminins.

Seules 3 % des personnes mineures incarcérées ont été condamnées et purgent leur peine alors que 97 % se trouvent en détention préventive. Selon le code de l’enfant au Bénin, les mesures de protection extrajudiciaires doivent être prioritaires dans tous les cas impliquant des mineurs, l’arrestation, la détention ou l’emprisonnement devant être considérés comme des mesures de dernier recours et d’une durée aussi courte que possible (Art. 15). Toutefois, dans la réalité, ces dispositions ne sont pas réellement appliquées, entraînant un abus de la détention provisoire, ce qui a des conséquences néfastes sur le développement des mineurs incarcérés ».


Un témoignage poignant d’un ancien détenu qui a requis l’anonymat indique que « la prison n’est pas un endroit pour apprendre ou grandir. C’est là où tu perds ta jeunesse et tes rêves ». Ce témoignage souligne l’impact dévastateur de l’incarcération et l’urgence d’agir pour améliorer les conditions et les opportunités pour ces enfants.

La situation des enfants en situation carcérale au Bénin est alarmante et nécessite une attention immédiate. Il est impératif de mettre en œuvre des politiques efficaces pour prévenir leur incarcération, protéger leurs droits en détention, et faciliter leur réinsertion dans la société.

Agir en faveur de la jeunesse est essentiel pour construire un avenir meilleur pour tous. Rappelons qu’au Bénin, plusieurs ONG interviennent dans les prisons dont Fraternité des prisons, ACAT, ESAM, DAPI Bénin, mais aussi des confessions religieuses.